En France, la durée quotidienne passée devant les écrans a doublé en dix ans chez les adolescents, selon Santé publique France. Les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé limitent pourtant à deux heures par jour le temps d’exposition récréatif pour les jeunes.
Des recherches récentes associent une utilisation excessive des écrans à des troubles du sommeil, une augmentation de l’anxiété et un risque accru de surpoids. Face à ces constats, médecins et éducateurs multiplient les initiatives pour accompagner les familles vers des habitudes numériques plus équilibrées.
A lire en complément : Que faire quand son enfant se fait taper : conseils pour parents inquiets
Pourquoi le temps d’écran excessif pose problème aujourd’hui
Difficile d’échapper à la multiplication des écrans dans les foyers français. Selon l’Arcom, il n’est pas rare de dépasser la dizaine d’appareils à la maison. Ce foisonnement imprègne tous les moments du quotidien. Le smartphone règne en maître, secondé par les messageries instantanées, qui instaurent une connexion permanente et parfois pesante. Les notifications jaillissent sans répit, cassant la concentration à la moindre sollicitation. Chacun se débat avec l’appel constant des réseaux sociaux, du streaming, des jeux. Peu à peu, la démarcation entre connexion et déconnexion devient floue, si bien que la véritable pause semble presque inaccessible.
Cette explosion du temps d’écran ne relève plus de l’exception : aujourd’hui, passer six heures par jour face aux écrans n’étonne personne. Chez les adolescents, la moyenne avoisine facilement quatre heures rien qu’avec le téléphone portable. Les systèmes de suivi installés sur les appareils affichent des bilans sans détour. Désormais, il devient urgent de jeter un œil lucide sur ces chiffres, oublier la surveillance n’est plus de mise.
A lire aussi : Le bola de grossesse : qu’est-ce que vous devez savoir ?
Pour mieux saisir le quotidien, voici des situations type, répétées d’un foyer à l’autre :
- Le smartphone s’allume dès le réveil et reste dans la main jusqu’au coucher.
- La distinction entre moments professionnels et temps personnel s’évapore avec les notifications et les messages ininterrompus.
- Dès le plus jeune âge, les enfants voient leur attention et leur rapport au temps mis à mal par cette omniprésence numérique.
Bref, ce flot numérique ne laisse respirer personne. Médecins, professionnels du numérique et divers acteurs s’emparent du sujet pour permettre à chacun de retrouver la maîtrise de son temps. Reprendre le contrôle, désamorcer les automatismes : le défi est posé. Miser sur un usage réfléchi des écrans, voilà la route à suivre.
Quels sont les effets sur la santé, le bien-être et la vie sociale ?
Rapidement, les écrans imposent leurs effets secondaires. D’abord, c’est le sommeil qui trinque : la lumière bleue retarde l’endormissement, raccourcit la nuit, et la fatigue visuelle s’installe. Un adolescent sur trois déclare souffrir de troubles liés au manque de sommeil, selon l’OMS. La sédentarité s’aggrave aussi, entraînant une hausse notable du surpoids chez les plus jeunes. Chez les enfants, les statistiques de Santé publique France sont limpides : les durées d’exposition dépassent, parfois largement, les seuils tolérés, notamment avant cinq ans alors qu’une heure quotidienne devrait être la limite à ne pas franchir.
Mais le problème va bien plus loin que le corps. Progressivement, l’équilibre psychique chancelle. La dépendance insidieuse s’installe : jeux, messageries, réseaux sociaux, tout devient sujet à l’excès. Après une session marathon, il n’est pas rare d’éprouver nervosité, anxiété ou difficultés de concentration. Passer un moment sans vérifier son téléphone devient un défi ; le sentiment de bien-être s’émousse.
Côté relations sociales, le tissu familial n’en sort pas indemne. Les discussions s’amenuisent, les échanges s’espacent. Des recherches françaises révèlent un lien net entre surconsommation des écrans et isolement, surtout chez les enfants privés de temps pour jouer ou dialoguer spontanément. À mesure que l’exposition grimpe, la sociabilité s’érode.
Pour mieux rendre compte des effets, voici ce qui revient fréquemment dans les familles :
- Troubles visuels persistants, tensions musculaires chez l’adulte ou l’enfant.
- La baisse de l’activité physique favorise la prise de poids.
- Instabilité psychique : anxiété récurrente, perte de la notion du temps, besoin irrépressible de se connecter.
- Des échanges familiaux appauvris et une tendance au repli solitaire.
Des stratégies simples et efficaces pour réduire l’utilisation quotidienne des écrans
La première étape consiste à examiner en toute honnêteté sa propre consommation. Les outils de suivi disponibles affichent la réalité sans fard et, souvent, déclenchent une prise de conscience salutaire.
Puis, il s’agit de prendre des mesures concrètes : programmer le silence des notifications, définir des horaires « hors écran », limiter l’accès à certaines applications lors des périodes de repos ou de concentration. Les utilisateurs peuvent fixer, depuis leur téléphone ou leur tablette, des plages horaires à respecter pour chaque activité. Ces gestes, cumulés, redonnent souffle et disponibilité à la vie quotidienne.
Pour ne pas tomber systématiquement dans la facilité numérique, privilégier d’autres plaisirs s’impose : lire un livre, cuisiner, sortir marcher, partager un jeu de société. L’idée n’est pas d’exclure totalement les écrans, mais de réintroduire des moments sans distraction digitale, dans la chambre, à table, là où le dialogue ou le repos s’y prêtent le mieux.
Certains ont adopté la déconnexion programmée, le temps d’une soirée ou d’une journée. Le résultat dépasse la simple curiosité : l’attention renaît, le sommeil s’améliore, le stress décroît.
Voici plusieurs façons très concrètes de transformer ses habitudes :
- Surveillez votre temps d’écran quotidien à l’aide des outils intégrés pour corriger la trajectoire si besoin.
- Découpez la journée avec des périodes où l’écran est proscrit et respectez-les strictement.
- Incluez chaque jour des moments dédiés à des activités créatives ou sportives, loin des appareils.
Accompagner enfants et adolescents : instaurer de bonnes habitudes numériques en famille
Pour les familles, la gestion du temps d’écran des plus jeunes s’impose comme un sujet permanent. Trouver l’équilibre demande autant de fermeté que de dialogue. De nombreux outils permettent aujourd’hui de paramétrer des limites horaires, suivant l’âge et les besoins de chacun, sans tomber dans la suspicion ou la surveillance excessive. La règle du 3-6-9-12, proposée par Serge Tisseron, pose quelques repères : rien avant trois ans, pas d’équipement personnel avant six, accompagnement nécessaire à neuf, puis autonomie maîtrisée à douze ans.
L’accompagnement parental prend ici tout son sens. Discuter, expliquer, inviter à exprimer ses ressentis face aux contenus est la meilleure façon de responsabiliser progressivement les enfants. Les restrictions, qu’elles portent sur le contenu ou sur le temps, doivent toujours être liées à une discussion et à une logique familiale, adaptée à chaque foyer.
Pour encourager des repères stables chez les enfants et adolescents, voici quelques leviers efficaces :
- Mettez en place des moments fixes sans écran : repas, travail scolaire, préparation au coucher.
- Suscitez des rencontres autour d’activités variées, sportives, artistiques ou ludiques, en famille.
- Impliquez activement les enfants dans l’élaboration et la révision des règles numériques domestiques, afin qu’ils s’y identifient et s’y tiennent vraiment.
Chaque foyer compose avec sa réalité, son histoire, ses contraintes. L’essentiel ? Trouver un cap commun, tester, ajuster, et constater, jour après jour, que retrouver du temps libre loin des écrans n’a rien d’un luxe réservé aux autres.